Château Clinet 1996

Une envie de Bordeaux. Un Bordeaux à bonne maturité, qui s'est arrondi, dont les tanins se sont assagis. Mais un Bordeaux qui garde quand même de la richesse et de l'opulence. Un simple plat de pâtes familial en sera le prétexte. 

J'ai longtemps hésité, craignant que le vin ne se présente pas au niveau de maturité souhaité. N'ayant jamais bu Clinet, je craignais que le vin se présente trop jeune pour satisfaire mes goûts.

La robe est sombre, profonde, grenat, présentant de nets signes d'évolution dans le disque. A l'aveugle, j'aurai même donné 10 ans de plus au vin. 

Le nez est puissant et se présente dans un registre principalement tertiaire. Si l'on peut y trouver de la mûre et quelque chose entre la prune et le pruneau (on est ici dans un registre de fruits très mûrs), c'est surtout le café, le chocolat et le vieux bois qui dominent. Par vieux bois (je pense que ce n'est pas le terme adapté mais c'est comme ça que je le vois), j'entends une odeur qui dans la jeunesse évoque le bois jeune et la vanille mais qui s'est fondue, harmonisée, basculant dans un registre plus suave, légèrement lardé. Ce n'est pas le sous-bois. Le nez reste riche et très mûr, bien que tertiaire. Si l'on imagine ce vin téléporté tel quel dans 10 ans, les dégustateurs imaginaires croiraient qu'il s'agit d'un 2003. On sent une belle maturité des grains. 

La bouche est riche, ronde, souple, veloutée. La matière est fondue mais reste opulente, avec du volume. Aromatiquement, on retrouve les arômes perçus au nez, entre le fruit très mûr et les arômes d'évolution. Un vin qui a mon sens commence sa vie d'adulte: il a acquit de la sagesse mais a encore de belles années devant lui. La longueur est impressionnante. Je suis conquis, c'est exactement ce que je recherchais. 

Commentaire général: Excellent. Pas très typé Pomerol, en tout cas de ce que je me figure des vins de l'appellation, par ce côté mûr et riche. Beaucoup de plaisir sur cette bouteille à défaut de grandes émotions.