Didier Grappe - Les Insouciantes 2016

Un vigneron qui s'appelle Didier Grappe, ça ne s'invente pas. Pouvait-il alors avoir une autre destinée que de produire du vin? Le bonhomme a eu la riche idée de s'installer dans le Jura, et loin de prendre la grosse tête qui semble s'emparer des vignerons jurassiens à mesure que ce vignoble acquiert la notoriété qu'il mérite, il continue de nous régaler de ces quilles de soif, simples et généreuses qui représentent assurément l'un des meilleurs, si ce n'est LE meilleur, rapport qualité/prix de la région. 

J'ai découvert les vins de ce vigneron discret sur le millésime 2014, une nouvelle fois grâce à cette cave à trésors qu'est "Le Verre Galant". C'est d'ailleurs ici aussi que j'ai bu pour la première fois les vins de Philippe Bornard, Pierre Overnoy ou, plus récemment, de Jean-Baptiste Menigoz. 

Bref, aujourd'hui, c'était ma première pour "Les Insouciantes" du millésime 2016, un assemblage Poulsard, Trousseau et Pinot noir, qui m'avait déjà conquis en 2014. J'ai partagé cette bouteille avec des amis de passage, amis qui ne sont pas particulièrement amateurs de vins, et qui n'avaient encore jamais bu ni de vin vivant, ni de de vin rouge du Jura. L'expérience était intéressante car elle montre comment le palais s'habitue à certaines typicités gustatives et comment la perception peut-être radicalement différente selon que l'on soit familier d'un goût ou non. J'ai noté leurs remarques en bleu dans les commentaires de dégustation suivant. 

La robe est rubis claire, aux reflets rosacés, tirant même sur le vieux rose. "C'est bizarre, on dirait un rosé!".

Le nez est superbe. A l'ouverture, et après légère aération, le nez présente des notes très fruitées de groseille, de cerise et de pêche. Après une plus ample aération, le nez développe de magnifiques notes de melon et de fruits exotiques. Quelques heures après, le dernier verre présente un fruit toujours aussi intense mais auquel ce sont rajoutées des notes un peu plus complexes, légèrement fumées et poivrées.  
"C'est fou comme ça sent le souffre! Pour un vin sans souffre ajouté, c'est assez cocasse. C'est le raisin qui est aussi souffré?"

La bouche est souple, ronde, avec une très belle fraîcheur, mais sans acidité superflue. L'équilibre sucre - vivacité - tanins est juste parfait. Aromatiquement, on retrouve la bombe de fruits frais perçue au nez, un côté grenadine, avec une petite touche légèrement animale en finale, mais toute en finesse, en légèreté et en fraîcheur. Dans cet assemblage, il semble quand même que ce soit le poulsard qui aromatiquement prend le dessus. Ca se boit comme du petit lait, ça ne présente aucune altérité en bouche. Magnifique jus de soif.  
"C'est bizarre, ça picote légèrement, comme si c'était gazeux. C'est très léger, ça se boit bien, mais ça a un drôle de goût... C'est marrant."

Commentaire général: C'est très très bon! Je me répète mais il s'agit là d'un des meilleurs rapport qualité/prix du Jura, voire même au-delà. Un vin simple, un vin de soif, sans prétention, qui pète le fruit et qui, tout simplement, rend heureux. 

PS: pour être tout à fait honnête et précis, et pour ce que j'en ai goûté, deux cuvées de ce vigneron me plaisent beaucoup (ce rouge et son blanc de chardonnay) et deux autres cuvées m'ont beaucoup moins séduit: sa cuvée de Savagnin ouillé, que je trouve trop légère, trop délicate pour moi (ça manque d'intensité aromatique et de "matière"), et sa cuvée de Traminer ouillé qui s'affiche dans un registre aromatique très particulier, mélange de fleur de sureau et de brioche grillée, et qui se relève très rapidement écœurante.  

 

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